Elles sont brillantes les découvertes couronnées ce matin par le Nobel de Chimie. Littéralement. Depuis quinze ans, elles éclairent toute la recherche en biologie, révélant à l’œil et l’intelligence humaines, l’invisible: la vie d’un gène, l’itinéraire d’une cellule, le destin d’une protéine.
Ces découvertes s'articulent autour de trois lettres: GFP pour « green fluorescent protein », une protéine fluo empruntée par la science à une… méduse. Les trois chercheurs américains qui ont su la mettre au service de la connaissance - Osamu Shimomura (Marine Biological Laboratory et Boston University Medical School), Martin Chalfie (Columbia University), et Roger Tsien (University of California, San Diego) - ont été récompensés par le jury de Stockholm. L'un après l'autre, ils ont contribué à transformer cette protéine infime en un outil de routine de tous les laboratoires de biologie du monde. Grace à elle, grace à eux, il est possible de « voir » vivre l'infiniment petit, au cœur des cellules.
Le pionnier de cette aventure, c'est Osamu Shimomura, aujourd'hui âgé de 80 ans. Jeune étudiant à Kyoto dans les années 50, il est chargé par le directeur de son labo de répondre à une question qui semblerait enfantine si elle n'intriguait déja quelques scientifiques américains : pourquoi le mollusque Cypridina, une fois écrasé, devient vaguement fluorescent. En 1956, Shimomura trouve la réponse: l'animal produit une protéine qu'il réussit à isoler. Surprise: in vitro, ell