Des martyrs ! Lorsqu'en 2003 une rupture de canalisation d'eau provoque un effondrement, à deux pas du mausolée édifié par Constantin Ier pour sa mère Hélène, le Vatican s'émeut. S'excite même, en ces temps où l'on béatifie à tout va. Car dès qu'ils creusent un peu, au cœur de la catacombe Saints-Pierre-et-Marcellin, sur la voie Labicana (sud-est de Rome), les envoyés de la commission pontificale pour l'archéologie sacrée tombent sur un mur. D'aspect antique, il est recouvert d'une fresque dont le style remonte au VIe siècle. On y distingue des visages, certains auréolés. Le tout au-dessus d'une niche où auraient pu être disposés les attirails d'un culte aux martyrs.
Du martyr, antique, en nombre… C'était attirant. Surtout que les érudits notent que ces martyrs étaient annoncés. Dans les guides du VIe siècle, qui indiquent les itinéraires du culte aux martyrs enterrés dans les catacombes, il est précisé que se trouvent ici, à Saints-Pierre-et-Marcellin, outre les deux principaux, d'autres «innombrables». On perce donc le mur antique.
De l'autre côté, les fouilleurs tombent sur des fosses, verticales, de quelques mètres de côté. Et, là, des amoncellements de cadavres entassés les uns sur les autres, par dizaines compte-t-on d'abord, puis par centaines… et, enfin, entre 3 000 et 4 000. Du martyr, donc, à foison. Du moins, c'est ce que l'on a pu croire au Vatican. Surtout qu'il n'existe aucun autre exemple de tombe collective dans les catac