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«Moins d’espèces butineuses, c’est moins de fleurs»

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publié le 18 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 18 novembre 2008 à 6h51)

«On parle beaucoup de l’importance de la biodiversité dans la santé des écosystèmes, on ne cesse d’évoquer son utilité pour la biosphère. Mais quelle est donc, précisément, la nature des services rendus par la diversité des espèces en un lieu donné ? C’est à cette question que j’essaie de répondre à travers mes recherches. J’ai une formation d’écologue, je m’intéresse aux relations entre plantes et insectes et à l’importance de la biodiversité dans la stabilité des relations plantes-pollinisateurs. Récemment, mes collègues et moi-même avons mené des travaux afin de répondre à une question hélas d’actualité : que se passe-t-il, du côté des plantes à fleurs, si la biodiversité des butineurs décline dans une zone donnée ? Et pis, si la densité de population de l’espèce survivante diminue également ?

«Nous avons mis en évidence un phénomène assez étonnant. Si plusieurs espèces de butineurs sont en compétition, par exemple des abeilles et des bourdons, ils se nourrissent du nectar de diverses plantes, qui bénéficient de leurs services. Mais si une espèce disparaît et que la survivante se retrouve, de surcroît, en faible nombre, elle visitera alors les fleurs les plus faciles à butiner, par exemple celles qui offrent une grande corolle aisée à pénétrer et qui produisent le plus de nectar. C’est ce que nous avons montré dans notre expérience où des bourdons en faible densité se focalisaient sur une seule des cinq espèces de fleurs mises à leur disposition, la plus facile à butiner.