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Françoise Barré-Sinoussi. Cette chercheuse discrète et tenace de 61 ans a découvert le virus du sida en 1983 et partage le prix Nobel de médecine 2008 avec Luc Montagnier.
publié le 1er décembre 2008 à 6h51

Retour en arrière. Nous sommes en 1984. L'équipe française de l'Institut Pasteur vient tout juste d'identifier le virus du sida. Françoise Barré-Sinoussi, alors jeune chercheuse de 37 ans, discute des rétrovirus avec Robert Gallo, la star de la recherche américaine, celui-là même qui va contester la découverte à Pasteur.«C'était une discussion amicale, raconte-t-elle. Bob était vraiment très agité. Je lui dis :"Mais Bob, pourquoi tu fais tout ça ? Tu veux avoir le prix Nobel ou quoi ?" Et il me répond, comme une évidence : "Mais oui". Je lui ai dit alors qu'il s'y prenait comme un pied.»

Vingt-quatre ans plus tard, c'est le monde à l'endroit. C'est elle qui reçoit le prix Nobel. Et elle n'a pas changé d'un iota. Le jour de l'annonce, le 6 octobre, Françoise Barré-Sinoussi est au Cambodge pour une mission de coopération. Elle aime être sur le terrain. Danièle Messager, journaliste à France Inter, raconte : «Dès l'annonce de sa nomination, je l'appelle. Je lui dis qu'il faudrait que je l'interviewe très vite, car après elle n'aura plus le temps. Elle me dit : "Ah bon, mais pourquoi ?" "Mais vous ne savez pas ? Vous venez d'avoir le prix Nobel !"» Françoise Barré-Sinoussi : «Non ? C'est aujourd'hui ?»

Quelques semaines plus tard, à l'institut Pasteur, Françoise Barré-Sinoussi regarde l'heure. Elle est fatiguée. Elle occupe toujours le même bureau, au fond d'un couloir, dans des locaux démodés, caché dans un renfoncement. «Quand je suis rent