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«Comment les insectes résistent aux infections»

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publié le 2 décembre 2008 à 6h51

«J’essaie de comprendre comment les insectes répondent à une attaque bactérienne. En général, ces animaux se défendent très bien contre les microbes qui les attaquent. Pourtant, leur système immunitaire est bien moins sophistiqué que le nôtre. Ils ne disposent que d’une petite batterie de cellules spécialisées et de molécules antibiotiques, des peptides antimicrobiens qu’ils libèrent dans leur hémolymphe, l’équivalent de notre sang. Malgré la faible diversité de cet arsenal, ils ignorent les problèmes d’apparition de souches résistantes que l’on rencontre quand on utilise toujours les mêmes molécules antibiotiques. Quel est leur secret ?

C’est ce que mes collègues et moi avons tenté d’élucider en travaillant sur un coléoptère, le ténébrion meunier. Nous l’avons infecté, et nous avons étudié sa réponse immunitaire. Nous avons eu une surprise(1): nous avons découvert que ces insectes ripostent en deux temps. D’abord, ils mobilisent une première ligne de défenses constituées de cellules et d’enzymes qui tuent en moins d’une heure 99,5 %des microbes en les phagocytant ou en les digérant. Quelques heures après, ils larguent leurs peptides antimicrobiens… C’est étonnant, car on pensait jusqu’ici que ces petites molécules faisaient l’essentiel du travail. En fait, elles le parachèvent. Elles tuent les bactéries qui ont su échapper à l’attaque précédente. Et en faisant cela, elles empêchent l’apparition de souches résistantes aux rafales de la première ligne de défense ! Ces peptides