Le 28 décembre 1895, il n’y eut guère plus d’une quarantaine de personnes à la toute première démonstration publique du cinématographe des frères Lumière, dans un café parisien proche de l’Opéra. Par contre, le 20 novembre dernier, l’Ircam (Institut de recherche et coordination acoustique-musique, proche du Centre Pompidou, à Paris) a dû refuser du monde lors de l’inauguration du premier système d’holophonie. Holo quoi ? Holophonie, de «holo» (tout) et «phonie» (son), c’est-à-dire un procédé technique qui permet de synthétiser des sources sonores (presque) partout dans l’espace.
Front d'ondes. En pratique, on a l'impression d'être face à un système de stéréophonie très amélioré, grâce auquel les auditeurs perçoivent la provenance des sons de la même manière, quel que soit leur emplacement dans la salle. Clé de la performance : la position des sources sonores n'est pas simulée par un procédé stéréo (lequel est très dépendant de la position de l'auditeur), mais par la recréation de l'onde sonore elle-même, via un dispositif de 128 haut-parleurs placés devant le public (1).
Au bord d'un étang, un jour de brouillard, on devine si un caillou est tombé à l'eau à notre gauche ou à notre droite en regardant la forme du front de vaguelettes qui nous parvient. Nos oreilles procèdent de la même manière : dès lors, tout le secret de l'holophonie est de parvenir à recréer ce front d'ondes. A la fin du XVIIe siècle, comme vous vous en souvenez sans doute, Huyghens a énoncé