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«Chaque culture voit les couleurs à travers ses mots»

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publié le 9 décembre 2008 à 6h51

«J'étudie la façon dont on nomme les couleurs, en français, et particulièrement au XXe siècle et à l'époque contemporaine. On ne s'étonne pas que des linguistes se soient intéressés aux mots désignant, dans des langues nordiques, des états de la neige que nous ne distinguons pas dans des contrées plus tempérées. On peut faire, dans le même esprit, l'inventaire des dénominations de couleur et découvrir leurs spécificités, leurs évolutions, reflet d'une société. A chaque époque correspondent des créations particulières : baise-moi-ma-mignonne (un rose), carmélite, gris minime, zinzolin au XVIIe siècle; cheveux de la Reine (blond cendré, par référence à Marie-Antoinette) au XVIIIe ; brun ramoneur au XIXe ; rose Barbie, rose layette, rouge Dior, blanc Courrèges au XXe.

«Les dénominations de couleur varient, leur symbolique aussi. Le noir, couleur du mal, de la tristesse (bête noire, mouton noir) ou du deuil est devenu couleur de la jeunesse rebelle avec le blouson noir des années 60 ou le noir des punks, des gothiques, mais aussi le symbole de l’élégance, du classicisme, avec la petite robe noire de Chanel, le noir porté par des dames noires (Piaf, Barbara, Rykiel).

«Ces évolutions traduisent l'aspect essentiellement culturel des couleurs. Dans certaines langues, les couleurs sont appréhendées en même temps que les autres sensations : il y a des couleurs rugueuses, sonores, gaies, tristes. Les Dani (Nouvelle-Guinée, Indonésie)