Toutes considérations gastronomiques mises à part, quel est le rapport entre les cuisses de grenouille, l’ail et le persil ? Tous trois figurent sur la liste française des aliments qu’il est permis d’irradier pour en améliorer la conservation. Une liste d’une douzaine d’aliments, pour une production annuelle totale d’à peine 3 000 tonnes. Irradier ou «ioniser» (ça fait moins peur), c’est passer un produit aux rayons X ou gamma issus d’une source radioactive. L’irradiation reste une pratique marginale, bien loin de l’enthousiasme initial pour un procédé qui devait détrôner la pasteurisation, apporter du poisson frais au milieu du Sahara et permettre au boulanger de ne cuire des baguettes qu’une fois par trimestre.
Bacon sucré. 15 000 souris, 10 000 rats, 300 chiens, 37 singes, et 9 objecteurs de conscience : tel est le bestiaire nourri, entre 1955 et 1966, par l'armée américaine avec des aliments irradiés, dans le but de s'assurer de l'innocuité de cette technique qui allonge, en détruisant les micro-organismes, la durée de conservation. On ne plaisante pas avec la popote des GI, que l'on entendait ainsi approvisionner en produits frais sur le champ de bataille ! Bilan : oui, ça se mange, même si ce n'est pas toujours terrible. La viande vire parfois au vert brun, le bacon devient plus sucré et les pommes prennent un goût métallique à cause de la dégradation de certaines protéines par les rayonnements. Mais en ajustant les doses, suffisamment faibles pour qu'il n'y ait