Verser de l'eau sur la tête d'un suspect allongé sur une planche inclinée, dans un simulacre de noyade, ça s'appelle le waterboarding. Et c'est de la torture. Les fans de la série télévisée 24 heures chrono affirmeront qu'il n'y a pas de meilleur moyen pour faire parler un terroriste. Ils ne sont pas vraiment seuls, puisqu'en mars 2008, George W. Bush a opposé son veto à un texte de loi, voté par le Congrès, interdisant à la CIA de recourir au waterboarding et autres techniques d'interrogatoire controversées utilisées à Abou Ghraib, en Irak, et à Guantánamo. Le président américain affirmait alors vouloir s'assurer que les services de renseignements disposaient «de tous les instruments nécessaires pour arrêter les terroristes».
Phénomène. A-t-il convaincu ? Si l'on en croit un sondage, publié en juin dernier par l'International Herald Tribune, le nombre d'Américains favorables à l'usage de la torture est passé de 36 % en 2006 à 44 % en 2008. Cette évolution, qui inquiète tout défenseur des droits de l'homme, a suscité une abondante littérature expertisant ce phénomène de société et posant en creux une question : comment l'une des plus grandes démocraties du monde en est-elle arrivée là ?
«Dans la confusion de la guerre, de la terreur et de la politique, nous nous sommes accoutumés à l'idée de la torture», dénonce le médecin urgentiste américain Homer Drae Venters (New York University) dans une tribune publiée le 29 novembre dernier par