«Je dirige des recherches qui visent à sauver de l'extinction totale l'esturgeon européen, Acipenser sturio. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, ce poisson fréquentait bon nombre des fleuves d'Europe. Un siècle plus tard, il n'en subsistait que quelques milliers dans la Gironde. La raison ? L'esturgeon européen a été victime à la fois de la pêche - il fournissait un caviar très apprécié -, de l'aménagement des rivières et de la création de barrages. S'il a survécu dans la Gironde, c'est sans doute que cet estuaire, le plus vaste d'Europe de l'Ouest (160 km de long et jusqu'à 11 km de large), offre un lieu de vie favorable aux jeunes esturgeons avant leur départ en mer. L'esturgeon est en effet un de ces curieux poissons migrateurs qui passent une partie de leur vie en eau douce et une autre en mer. A l'inverse des anguilles et à l'instar du saumon, il naît en rivière, vit trois à sept ans en estuaire, puis part en mer, remonte rapidement le littoral atlantique - il peut gagner la mer du Nord en un mois -, et revient se reproduire dans sa rivière natale à la maturité sexuelle, à 11 ans pour les mâles, 14 ans pour les femelles. Il fait plusieurs fois ces allers-retours au cours de sa vie, qui peut être très longue : certains centenaires mesuraient 3,5 mètres et pesaient 300 kilos !
«Cela fait trente ans que le Cemagref (Centre national du machinisme agricole, du génie rural, des eaux et des forêts) étudie le mode de vie et de reproduction de ce poisson pour trouv