Les tagueurs pourront en prendre de la graine. Ils n’ont rien inventé. Universelle, l’envie de laisser une trace de son passage ou d’apostropher l’autre a traversé les siècles. Alix Barbet, directrice de recherche au CNRS et fondatrice du Centre d’étude et de restauration des peintures murales romaines, et Michel Fuchs, professeur en archéologie des provinces romaines à l’université de Lausanne, en apportent une preuve éclatante en explorant les tags d’il y a… deux mille ans.
Les Murs murmurent, l'ouvrage qu'ils ont codirigé et qui accompagne une exposition itinérante (1), présente pour la première fois une riche collection de dessins, peintures et écritures latines ou grecques, gravés sur les murs antiques de Suisse et de France. De la liste de courses au croquis de gladiateurs, du portrait-caricature à la scène de chasse, des messages aux dieux aux injures, en passant par les mots d'amour, sans oublier les fantasmes et vantardises sexuels - «j'ai baisé 25 fois», prétend un inconnu sur un mur de Condate, l'antique Rennes -, ces graffitis, qui reflètent la vie quotidienne des premiers siècles de notre ère, émeuvent et surprennent : les Gallo-Romains sont finalement bien proches de nous !
Ces témoignages fragiles constituent, selon les auteurs, un matériau archéologique d'autant plus exceptionnel qu'ils sont «tout ce qui nous reste de l'humeur de l'écriture et du langage quotidien, des petites gens pour la plupart, et qui contrebalance la vision que l'on p