La constitution d’une phonothèque des poissons, riche aujourd’hui de 1 200 sons, a un intérêt fondamental, mais aussi pratique. A long terme, elle devrait permettre d’identifier «à l’écoute» les espèces présentes sur tel ou tel site sous-marin. En attendant, elle pourrait répondre à des besoins industriels. Ainsi, dans le secteur de la pêche, des études évaluent actuellement l’intérêt qu’il y aurait à faire appel à l’acoustique pour repérer les périodes de frai et déterminer ainsi les zones à protéger pour le renouvellement des stocks.
Dans le domaine de l’aquaculture, un système automatique d’alimentation basé sur la détection des bruits produits par les turbots lors de l’ingurgitation de granulés a fait l’objet d’un dépôt de brevet par le CNRS. Mis au point au Crema-l’Houmeau par le groupe de Jean-Paul Lagardère, ce dispositif permettrait d’économiser jusqu’à 15 % de la nourriture actuellement distribuée.
Plusieurs équipes s’intéressent également à la façon dont les poissons répondent aux bruits émis par l’homme. Grâce à des tests en bassin, on sait maintenant que certaines fréquences perturbent les poissons. Sur la base de cette observation, une société issue de l’université de Liège, ProFish Technology, commercialise un système de répulsion sonore qui tient les poissons migrateurs des rivières à l’écart des prises d’eau. Constitué de haut-parleurs aquatiques émettant dans la gamme des infrasons (1 à 20 Hz), ce dispositif équipe depuis plus d’un an les pompes chargées de ré