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Paroles de poissons

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Communication. Où l’on découvre, grâce aux dernières techniques d’investigation sous-marine, le langage sonore du petit peuple de la mer. Feu le monde du silence.
publié le 13 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 13 janvier 2009 à 6h51)

On entend toujours plus de bavardages dans les bancs. C’est un fait, scientifique : le nombre de poissons connus pour communiquer par le son est en constante augmentation. Avec l’arrivée de procédés d’investigation à la fois moins chers et plus sophistiqués, la petite communauté des bioacousticiens spécialisés dans l’écoute des poissons a considérablement allongé, ces dernières années, la liste des espèces productrices de messages sonores. Loin d’être une caractéristique de quelques bestioles plus ou moins exotiques, l’usage de signaux acoustiques s’avérerait relativement répandu parmi les poissons. Il se pourrait même qu’il soit parfois nécessaire à leur survie ! Feu le monde du silence, cher à Cousteau. Pour qui sait être tout ouïe, l’espace sous-marin est une nouvelle Babel.

Grognement du grondin. Voilà certes longtemps que l'homme prête l'oreille au petit peuple de la mer. Grâce aux travaux d'Aristote et aux observations des marins de l'Antiquité, on sait depuis pas moins de 2 300 ans qu'une partie des bruits de la Grande Bleue est produite par les poissons. Le pétillement de l'anguille, le grognement du grondin et le grondement du maigre (encore pêché «à l'oreille» dans l'estuaire de la Gironde) sont de notoriété publique. Quelques-unes des manifestations les plus spectaculaires de cette production de décibels subaquatiques sont même restées gravées dans la mémoire des spécialistes, sinon dans l'Histoire : «On raconte que, durant la Seconde Guerre mo