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La sélection naturelle recalée en France

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Rétrovision. Darwin et sa théorie ont été longtemps rejetés par les savants de l’Hexagone.
publié le 27 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 27 janvier 2009 à 6h51)

Le lundi 1er Juillet 1870, l'Académie des sciences procède à l'élection de son correspondant étranger dans la section anatomie et zoologie. Parmi les neuf candidats en lice, Charles Darwin. Il est déjà considéré comme un savant éminent au-delà des frontières de l'Hexagone, puisque son livre De l'origine des espèces par la voie de la sélection naturelle, publié en 1859, a reçu un accueil enthousiaste en Angleterre, Allemagne, Italie Suisse… jusqu'aux Etats-Unis.

Bouledogue. Le premier tour du vote attribue 19 voix à un certain Johann Friedrich von Brandt, un obscur zoologiste, directeur du muséum de Saint-Pétersbourg, 16 voix seulement à Darwin, et trois à Thomas Huxley, celui que l'on appelle le bouledogue de Darwin, tant il défend le père de la théorie de l'évolution. Au second tour, contre toute attente, les voix en faveur de Huxley ne se reportent pas sur Darwin. Résultat : Brandt est élu avec 22 voix à la majorité absolue. Surprise et débats à l'Académie.

Au cours du mois de juillet, les académiciens ont affûté leurs arguments. Le doyen Henri Milne-Edwards reconnaît la valeur de certains travaux de Darwin, mais le mathématicien et géologue Léonce Elie de Beaumont explique que Darwin «a gâté ses travaux par des idées dangereuses et sans fondement». Pour l'élire il faut «attendre qu'il ait renoncé à ces idées», dit-il, qualifiant la théorie de l'évolution de «science mousseuse». Quant à Emile Blanchard, zoologis