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Frottez, c’est doux

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Physique. Le vrai rôle des empreintes digitales.
publié le 3 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 3 février 2009 à 6h52)

Comment peut-on savoir, au toucher, que telle soie est vraiment plus douce que telle autre, alors même qu’on ne perçoit aucun relief précis ? Une équipe de physiciens (Ecole normale supérieure, CNRS, universités Paris-VI et VII) vient de découvrir la clé de ce phénomène (1) dans les rides des empreintes digitales.

«C'est une histoire de frottement», explique Georges Debregeas (ENS). Pour percevoir un relief d'environ un millimètre, nos doigts utilisent des capteurs situés à un millimètre de profondeur sous la peau. Mais la théorie physique avertit : plus le capteur est profond, moins il est capable de percevoir un relief plus fin. Or les physiciens viennent de prouver exactement l'inverse.

Pour leur démonstration, ils n’ont pas usé de doigts, mais d’un minuscule capteur de force, recouvert d’une peau en caoutchouc et sur laquelle ils ont frotté des lames de verre dont la rugosité mime des textures naturelles. Résultat : c’est grâce aux rides des empreintes digitales de cette peau de caoutchouc que les capteurs perçoivent des reliefs infimes. Comment ? Lorsque l’on frotte les deux éléments à la vitesse d’environ 10 secondes par centimètre, les rides des empreintes fonctionnent comme une sorte de filtre et d’amplificateur. Elles sélectionnent ces microreliefs - perçus au sommet des rides, seulement - et envoient un signal amplifié cent fois aux capteurs de force. Lesquels peuvent, alors, informer le système qu’ils perçoivent des différences ténues, de quelques