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Dans la peau d’un autre

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Echange. A Stockholm, des neurobiologistes ont mis au point des expériences qui donnent l’illusion de sortir de son corps. Libérationa joué les cobayes.
publié le 10 février 2009 à 6h51
(mis à jour le 10 février 2009 à 6h51)

Vivre dans la peau d'un autre. Sentir la caresse faite à un objet en plastique, sortir de son corps et le voir en face de soi… C'est possible, le temps d'une expérience, courte mais inoubliable : une expérience d'extracorporalité… rigoureusement scientifique. Conçue par l'équipe du jeune neurobiologiste Henrik Ehrsson de l'Institut Karolinska de Stockholm, elle marche à tous les coups, sans hallucinogène. J'en témoigne, je l'ai faite, à l'aimable invitation de l'équipe suédoise. Ses travaux, présentés en novembre devant les initiés de la Société américaine des neuroscienes,font désormais référence dans la recherche, effervescente, sur les fondements biologiques de la conscience (lire page suivante). Caresse. «Notre projet, explique Valeria Petkova, jeune chercheuse dans l'équipe d'Ehrsson, est de décrypter les mécanismes neurobiologiques déterminant la perception du corps, élément fondamental de la conscience de soi.» Autrement dit, il s'agit de comprendre comment mon cerveau sait que ceci est «ma» peau, «mon» pied, «ma» tête. Pour révéler les bases de cette perception, les neurologues ont cherché ce qui pouvait la troubler. Ils ont donc créé des illusions de conscience corporelle…

Me voici donc, par une journée d’hiver suédois, promue journaliste cobaye et installée dans une pièce aux murs couverts d’épais rideaux bleus. Devant moi, un mannequin en plastique. Sur sa tête, deux petites caméras. Tournées vers le sol, elles s