Menu
Libération
Météo spatiale

Chasse à l’aurore en Arctique

Article réservé aux abonnés
Au Spitzberg, dans la nuit de l’hiver polaire, des chercheurs traquent les lois des orages magnétiques, sources d’aurores boréales sublimes... et de catastrophes.
par Yves SCIAMA, SPITZBERG (Norvège), envoyé spécial
publié le 17 février 2009 à 6h51
(mis à jour le 17 février 2009 à 6h51)

Il est 22h 30 à la pendule, dans ce qui pourrait être n'importe quel observatoire du monde : écrans striés de courbes multicolores, chercheurs plongés dans leurs données, ronronnement d'ordinateurs et crachotements de cafetière. Seul un coup d'œil par les fenêtres - étrangement encadrées de rideaux roses - rappelle la particularité du lieu. Dehors, par - 22 °C, le blizzard crache furieusement ses bourrasques de neige. C'est le redouté white out (jour blanc) : visibilité inférieure au mètre, vent de force 7. Nous sommes au radar du consortium international de recherche Eiscat, à 10 kilomètres de Longyearbyen, la métropole du Spitzberg, île norvégienne de l'océan Arctique plongée dans la nuit polaire.

Avec ses 2 000 habitants, Longyearbyen n’est pas seulement la ville la plus septentrionale de la planète. Elle est en passe de devenir la capitale de l’étude des orages magnétiques qui sévissent aux pôles. Sources des sublimes aurores boréales, ces phénomènes atmosphériques sont de plus en plus considérés comme une menace pour le développement des espaces polaires - terrestre, maritime et céleste.

Destructions de satellites. Maelströms de particules chargées électriquement, issues d'éruptions solaires et pénétrant à un million de kilomètres/heure dans la haute atmosphère des zones polaires, les orages magnétiques sont susceptibles de causer des dégâts redoutables : pannes d'électricité, telle celle qui a plongé dans le froid et dans le noir six millions de