«Un énorme défi aux responsables politiques mondiaux.»
Des défis, ce n’est pas cela qui manque sur l’agenda des chefs d’Etat. Mais les océanographes réunis en symposium à Monaco, fin janvier, en ont ajouté un de plus : le risque de voir la vie océanique gravement affectée par les émissions massives de gaz carbonique. Ces dernières changent le climat et réchauffent les eaux, mais provoquent également l’«acidification» de ces dernières, en raison de l’augmentation de la teneur en gaz carbonique de l’air.
Cette crainte a certes été évoquée depuis plusieurs années. Des recherches ont été engagées, des résultats de mesures publiés, mais, jusqu'à présent, les océanographes n'avaient pas produit d'expertise collective sur ces travaux. C'est fait, par le biais d'un texte intitulé Déclaration de Monaco, signé par 155 scientifiques du monde entier, considérés comme les meilleurs spécialistes de cette question.
Cette déclaration constitue un «tournant», souligne Jean-Pierre Gattuso, du laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer (CNRS, université Pierre et Marie Curie), et coordinateur du Projet européen sur l'acidification de l'océan.
«Certitudes». Ce tournant, résume-t-il, c'est d'abord l'affirmation de «plusieurs certitudes qui font désormais consensus dans la communauté scientifique concernée». La première, qui n'avait rien d'évident, c'est que «l'acidification a commencé et qu'elle est mesurée». L'acidité de l'océan