«Je travaille sur la violence verbale faite aux femmes dans le domaine de la politique. Au départ, je m’intéresse à l’éthique dans la communication entre les êtres. En menant une étude comparée sur diverses représentations de l’autre dans le discours des Verts en France et en Italie, je me suis penchée sur la question du rapport entre les genres. Bien que les partis écologistes s’en défendent, les représentations sont toujours sexuées, surtout s’il y a des enjeux de pouvoir. Je me suis ensuite intéressée au débat télévisé, unique dans notre histoire politique, entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. En utilisant des logiciels statistiques, on peut analyser comment les deux candidats s’adressent l’un à l’autre, le choix des mots ou des tournures. Alors que Nicolas Sarkozy parle directement à son opposante, Ségolène Royal tente d’établir un lien avec les citoyens.
Mais ce qui est le plus frappant dans cet échange, c’est la façon dont Nicolas Sarkozy utilise de manière détournée la politesse pour renvoyer en permanence au fait que son adversaire est une femme. Ce que j’ai nommé "l’attaque courtoise". Cela se traduit dans le langage par une abondance de "Madame" mais aussi, de manière plus insidieuse, par des messages sexistes indirects. Ainsi, il dénigre certaines des caractéristiques que Ségolène Royal manifeste dans son discours pour les faire apparaître comme typiquement féminines, et donc peu fiables. L’épisode de la colère saine est éloquent. Il vise à montrer que la candi