Daniel Lincot dirige l’Institut de recherche et de développement sur l’énergie photovoltaïque (CNRS, Ecole nationale supérieure de chimie de Paris, EDF).
Comment expliquer la contradiction entre la puissance solaire disponible, gigantesque, et son faible apport dans les bilans énergétiques ?
La puissance solaire est effectivement gigantesque puisque l'ensemble de la consommation électrique française, 550 TW/h (Térawattheure) par an, correspond à l'énergie solaire reçue par un carré de notre sol d'environ 25 km sur 25 km. Si l'on imagine des systèmes photovoltaïques avec des rendements de conversion de l'énergie solaire de 10 %, ce qui est une valeur plutôt basse, cela donne une surface de l'ordre de 5 000 km2. Cela peut sembler beaucoup, mais les seules toitures de notre pays couvrent environ 30 000 km2. Une politique d'équipement en photovoltaïque peut donc permettre d'envisager une contribution majeure à l'électricité.
Cette source d’énergie est encore peu utilisée parce que son développement a été très fortement freiné dans les années 80 par le coût très bas des énergies fossiles et le développement du nucléaire dans certains pays comme le nôtre. On a compté sur le marché pour le solaire, alors qu’il fallait un soutien public. Aujourd’hui, cela change très vite. La production industrielle de panneaux solaires augmente de 40 % par an. Si ce taux se maintient, le solaire photovoltaïque deviendra massif.
Quelles sont les applications matures dont l’usage vous semble devoir être encouragé à grande échelle par les pouvoirs publics ?
Le photovoltaïque est mature au plan technologique depuis assez longtemps. On l’envoie dans l’espace depuis 1958. C’est un signe. Une technologie peut être mature… mais trop chère pour se dév