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Libération

Loué soit le loyer loyal

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Rétrovision. Lettre apocryphe à Christine Boutin du ministre de la Reconstruction de 1948 qui avait trouvé une solution scientifique à la hausse des loyers.
publié le 24 mars 2009 à 6h52

«Chère Madame Boutin, j'ai bien lu dans ces colonnes (Libération du 3 mars 2009) votre virulente condamnation d'un gel des loyers, et tenais à vous faire part de mes réflexions posthumes. Lorsque je suis devenu ministre (1), en 1948, les loyers étaient quasi bloqués depuis trente ans : entre 1914 et 1948, ils n'avaient été multipliés que par 5,8 alors que les prix au détail l'avaient été par 106. Résultat, plus personne n'investissait dans l'immobilier, les propriétaires refusaient de louer et les immeubles tombaient en ruine. Cependant, il me semble que vous ne pouvez vous contenter d'affirmer que, face à la flambée des loyers, «la réponse la plus adéquate, c'est construire». De mon temps, nos compatriotes de toute condition consacraient environ 3 % de leurs revenus à se loger : du vôtre, les ménages modestes y laissent dix fois plus ! Comment les chrétiens sociaux que nous sommes tous deux peuvent-ils tolérer pareille injustice ? Je me permets donc de vous faire quelques suggestions tirées de mon expérience qui, je l'espère, vous plairont par leur côté scientifique.

Bien qu'autodidacte en la matière, j'ai en effet eu l'honneur d'animer, en 1944, le premier groupe de recherche consacré à l'urbanisme au sein du CNRS. Après les destructions de la guerre, nous voulions reconstruire le pays sur des bases nouvelles, et non à l'identique, comme après la Première Guerre mondiale. Nous avons pour cela fait appel aux conseils des meilleurs chercheurs, et c'est ainsi que