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Solaire ibère

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Spéculation. Les capitaux espagnols, qui ont permis l’ouverture au Portugal de la plus grande centrale photovoltaïque du monde, s’enflamment pour cette ressource.
publié le 24 mars 2009 à 6h52

Un petit village blanc, endormi au cœur de l'Alentejo, dans le sud-est du Portugal. Amareleja, 2 800 habitants. Une terra de ninguem, un no man's land. C'est ainsi que les Portugais désignent cette région agricole et reculée du sud-est du pays. Un des coins les plus pauvres de l'Union européenne, d'où on a toujours émigré, faute de débouchés. A Amareleja, les chevaux trottinent en liberté entre oliveraies et pinèdes, les vieux sirotent le cafezinho au bon soleil d'hiver. Et, désormais, la fierté règne. Aux abords du village, se dresse le barrage d'Alqueva, le plus ambitieux du continent. Et en surplomb, à l'endroit du vieil aérodrome pour contrebandiers et trafiquants de drogue, s'étale, sur 250 hectares, un joyau dernier cri : la plus grande centrale solaire du monde. Entrée en service en décembre dernier, elle affiche une puissance installée de 46 MW (mégawatts), doit alimenter 30 000 foyers, et économiser 86 000 tonnes de gaz à effet de serre. «Ici, il y a le meilleur ensoleillement du pays. 2 800 heures de soleil par an. Et les terres ne coûtent rien. C'était l'endroit idéal», exulte Francisco Aleixo, le directeur de la centrale, un jeune ingénieur venu de Lisbonne.

Frénésie. Costume cravate de rigueur, il zigzague en voiture entre les 2 520 modules photovoltaïques, qui mesurent chacun 74 m2, la superficie d'un appartement, et contiennent chacun une centaine de panneaux solaires. La densité de ces modules noirs «suiveurs» du s