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portrait

Claudie Haigneré, sortie du trou noir

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L’astronaute qui fut ministre de la Recherche liquide son récent mal-être en prenant la présidence de la Cité des Sciences.
Claudie Haigneré. (OLIVIER LABAN-MATTEI / AFP)
publié le 29 mai 2009 à 6h53
(mis à jour le 29 mai 2009 à 6h53)

Sur son propre cas, le Dr Haigneré pose ce diagnostic : «syndrome de burn out». On ne ferme plus l'œil, on est vidé intérieurement, les émotions s'émoussent et disparaissent, on se sent inutile, nul, insignifiant. Par-dessus tout, elle voulait dormir, débrancher le robot qu'elle était devenue. «Cinq ou six cachets» d'un truc fort, et même de plusieurs. Coma, urgences et bien vite, dans les journaux, la rumeur d'une tentative de suicide. C'était en décembre, à la veille de Noël.

Quoi ? Comment ? La belle et brillante astronaute, celle que tout le monde rêvait d'être ou d'épouser, la dame au grand charisme et au sang-froid qui fut deux fois ministre, eh bien cette femme-là avait voulu en finir avec la vie ? Non, elle rectifie : «burn out». Syndrome de stress aigu dû à un travail (conseillère à l'Agence spatiale européenne) qui ne l'épuisait certes pas, mais qui ne lui offrait pas tous les défis dont elle rêvait. Bref qui l'emmerdait. Car «Claudie», comme elle aime qu'on l'appelle, a besoin pour vivre de montagnes à gravir. «J'ai besoin de faire des choses qui me mobilisent complètement, je suis une femme d'engagement.»

De tout cela, elle parle calmement, précisément, sans éluder aucune question, d’une voix aux accents un brin aristocratiques où les fins de phrases sont souvent ponctuées d’un rire flûté, posé là comme pour désamorcer la prétention des propos. A 52 ans, cheveux argent et ligne de sportive, mère d’une petite C