Nicolas Danziger, 43 ans, est neurologue. Le sourire large, le regard vif, il a deux spécialités. La première, c'est le traitement de la douleur. On vient le voir ici, à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpétrière, royaume de la science du cerveau illustré par Charcot et visité par Freud, parce qu'on a mal de façon chronique, obstinée, récurrente. A chaque patient, Nicolas Danziger demande de préciser les caractéristiques de sa douleur : «Où avez-vous mal ? Vous pouvez me décrire ce que vous ressentez ?…» Il y a quelques années, cette question banale, raconte-t-il, l'a entraîné de l'autre côté du miroir, en quelque sorte. De son côté, à lui, médecin : «A force d'écouter mes patients, je me suis demandé : mais comment est-ce que je perçois leur douleur ? Comment puis-je la comprendre et l'évaluer ?» C'est ainsi que l'exploration des bases cérébrales de l'empathie, et leur découverte, est devenue sa seconde spécialité.
«La fonction de l'empathie n'est jamais évoquée pendant les études de médecine alors qu'elle est au cœur de la relation médecin-malade. Au fil de mes consultations, j'ai réalisé combien elle est cruciale pour qui prétend traiter la douleur, se souvient-il. C'est très abstrait, la douleur. Essayez donc de vous souvenir de celle d'un accouchement, d'une brûlure, d'un coup. Difficile de la décrire. Difficile, a fortiori, de se représenter et d'évaluer celle de l'autre. Le médecin est théoriquement un professionnel de cette évaluation, p