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Critique

Roman noir maths

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Livre. La vie de Bourbaki, un génie qui n’a jamais existé.
publié le 2 juin 2009 à 6h52
(mis à jour le 2 juin 2009 à 6h52)

Tel un polar, le livre s'ouvre sur une étrange disparition. En août 1991, le «mathématicien le plus visionnaire du XXsiècle» brûle 25 000 pages de ses écrits et s'évanouit dans les Pyrénées. Son courrier s'amasse à l'université de Montpellier, ses enfants n'entendent plus parler de lui. Le mystère est total, l'histoire captive d'emblée, si ce n'est qu'ici tout est réel : l'homme dont on reste sans nouvelles est Alexandre Grothendieck, génie iconoclaste, né à Berlin en 1928, et couronné par la médaille Fields (Nobel des mathématiques) en 1966. Cette fugue «inexplicable», estiment certains, serait liée aux relations qu'entretenait Grothendieck avec Nicolas Bourbaki, autre génie des maths qui «n'a jamais existé». Pourtant, c'est à lui que l'écrivain américain Amir Aczel consacre son ouvrage : Bourbaki, naquit officiellement en 1935 et doit son nom à un canular de Normale Sup. Bourbaki est en fait un groupe, créé par six mathématiciens (André Weil, Henri Cartan, Jean Dieudonné…), rejoint par Alexandre Grothendieck, Laurent Schwarz… et qui a révolutionné les maths, leur donnant rigueur et modernité. Surtout ne pas croire que le polar s'obscurcit de théories abstraites sur tableau noir. Nicolas Bourbaki fait le récit de vies trépidantes, de mathématiciens dissertant en plein air, voulant «aérer» une discipline qui manquait sérieusement de souffle. Le lecteur se perdra peut-être dans les digressions sur Braque, Picasso ou Lévi-Strauss. Mais c