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Le cercle des politiciens disparus

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Rétrovision. Un courant, né après-guerre et conforté par la Ve République, prône la fin des politiques et l’avènement d’un monde gouverné par des hommes nouveaux : les technocrates.
publié le 9 juin 2009 à 6h56
(mis à jour le 9 juin 2009 à 6h56)

Comme toute bonne campagne d’élection européenne, celle qui s’est achevée dimanche nous a valu force philippiques contre «les technocrates de Bruxelles», accusés d’être coupés des réalités concrètes et de gouverner l’Europe hors de tout contrôle des élus. Cette antienne fait cependant oublier que ce «gouvernement de technocrates» aujourd’hui unanimement décrié passait, aux yeux de nombre de politologues et d’économistes de l’après-guerre, pour un avenir aussi certain que souhaitable.

«Si les savants s'étaient appliqués à rechercher les lois de l'évolution politique et sociale des nations avant de rechercher les lois de la physique et de la chimie, les Etats seraient dès maintenant gouvernés par des hommes de science au lieu de l'être le plus souvent par des ignorants, des impulsifs, des sots ou des fous furieux», écrit en 1947 Jean Fourastié, un des économistes les plus en vue du pays.

Prédictions. Mais la science, se réjouit-il, progresse. La vieille économie politique issue de la philosophie, devient, à grands coups de mathématisation, la «science économique» capable de prédictions infaillibles. Dans sa leçon inaugurale au Collège de France, en 1955, un autre célèbre économiste, François Perroux, proclame que «la mesure de l'efficacité des actions économiques, contrôlée par la science, commence à permettre de juger […] le contenu concret de l'intérêt général».

Plus besoin de politique, donc, pour débattre de cet intérêt général, et encore mo