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Sous les pavés la terre

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Agriculture. A Detroit, ville fantôme et sinistrée par le déclin de l’automobile, des habitants tentent une reconversion dans l’«urban farming», où la culture des lopins s’étend aux friches industrielles et immobilières.
publié le 9 juin 2009 à 6h56
(mis à jour le 9 juin 2009 à 6h56)

Le lieu est un symbole à Detroit : l’intersection des rues Lindwood et Gladstone, à l’ouest de la ville. C’est là qu’en 1967 avaient démarré les violentes émeutes raciales qui avaient endeuillé la ville et terni sa réputation auprès d’une population blanche qui a ensuite pris la poudre d’escampette pour les lointaines banlieues. C’est également là que l’association Urban Farming (Agriculture urbaine) entretient son plus grand jardin potager communautaire, de la taille d’un stade de foot, face aux ruines de deux immeubles dont les façades éventrées sont encore noircies par les flammes comme si les affrontements avaient eu lieu la veille.

Urban Farming a été lancée en 2005 par Taja Sevelle, la chanteuse soul originaire de Minneapolis, à qui Prince avait offert un contrat d'enregistrement dans les années 80. Vivant depuis quelques années entre Detroit, New York et Los Angeles, elle dit avoir été effarée par le degré de misère de «Motor City» qui, malgré les annonces de renaissance à répétition, n'en finit pas de souffrir du déclin de son industrie automobile. «Les gens ne prennent pas la mesure de l'étendue de la pauvreté ici. Il y a des familles qui ne mangent pas à leur faim tous les jours», dit-elle en montrant la terre retournée de Gladstone prête à recevoir les premières semences de la saison.

Bénévoles. L'expérience a démarré avec trois jardins et 5 000 dollars. Aujourd'hui, l'association se flatte de gérer plus de 500 jardins sur 65 sites répartis