Comment se garder de l'effet Wow sans tomber dans l'effet Yuk ? Ces deux onomatopées, dans le langage des sociologues anglophones, décrivent les réactions opposées du public devant l'innovation technologique. L'adulation béate pour le premier, le refus borné pour le second. Au fur et à mesure que la technoscience envahit nos sociétés, cette question délicate grandit sans que ne surgisse de solution à ce dilemme. Plantes transgéniques, nanotechnologies, traitement des déchets nucléaires ou enfouissement du gaz carbonique produit par les usines… Sur ces sujets, scientifiques, élus, militants, ONG et partis politiques s'opposent et peinent à trouver un espace public commun, producteur de solutions acceptées en connaissance de cause par une majorité, sans nier le caractère irréductible de certaines oppositions.
Mantra. Plusieurs livres, publiés récemment, illustrent cette situation. Dans un ouvrage aisé à lire (1), la journaliste Dorothée Benoit Browaeys explore sur le mode docu-fiction, mais plus docu que fiction, le dossier touffu et majeur des nanotechnologies. Aucune des dérives n'y a manqué, rappelle-t-elle. A commencer par les promesses délirantes - les nanos allaient résoudre tous les problèmes, de l'énergie au cancer - de scientifiques à la recherche de crédits, nourrissant des fantasmes de SF, avec robots autorépliquants détruisant la planète.
Les surenchères étatiques ont suivi, tant les gouvernements craignaient de voir «les autres» pr