Tous les samedis, sur la place du marché de Challapata, en Bolivie, cultivateurs et acheteurs se retrouvent pour échanger le quinoa. Comme à la Bourse, on y négocie les cours de cette graine typique des Andes. Ce printemps, ils ont battu tous les records : 750 bolivianos (75 euros) le quintal bolivien (46,8 kg), soit plus du double qu'en 2006 ! La petite «graine d'or», comme on la surnomme ici (el grano de oro), n'a jamais porté si bien son nom. Et nombreux sont les Boliviens qui rêvent de faire fortune de son négoce. Près de 40 000 familles vivent de sa culture et de sa transformation.
Paradoxe : cet essor inquiète les spécialistes du développement durable. Quinoa real : bio, équitable, mais pas vraiment durable ?
Depuis quelques années, le quinoa orne les rayons des magasins d’alimentation biologique. Objet d’un boom économique remarquable, cette petite graine pose de nombreuses questions sur la durabilité des terres boliviennes où elle est cultivée. Sur le terrain, ONG internationales (Agronomes et vétérinaires sans frontières, SOS-Faim) et politiques œuvrent depuis près de dix ans pour tenter d’enrayer un processus qui semble inéluctable.
Chenilles. On le cultive pourtant depuis plus de 7 000 ans sur les hauts plateaux des Andes (Altiplano), au Pérou, en Equateur et en Bolivie. Ici, parmi ses milliers de variétés différentes, toutes ne se valent pas : la mieux cotée, la «meilleure», la vraie… et même la seule exportable, est le q