Lisons Michelet ! Jules, celui dont la plume exaltée racontait Jeanne d’Arc et la Révolution de 1789. Slogan d’historien ? Vu sur les murs à la Sorbonne ? Que nenni. Cette exhortation s’adresse aux halieutes - les spécialistes ès stocks de poissons - aux biologistes marins… Et aux ministres de la Pêche. Sous des formes diverses, il a traversé le colloque Oceans Past-II, du programme mondial History of Marine Animal Population, tenu à Vancouver, au Canada, fin mai. Etrange mot d’ordre ?
Lisons, donc, Jules Michelet. «A certains passages étroits, on ne peut ramer ; la mer est solide. Millions de millions, milliards de milliards, qui osera hasarder à deviner le nombre de ces légions ? On conte que jadis, près du Havre, un seul pêcheur en trouva un matin dans ses filets 800 000. Dans un port d'Ecosse, on en fit 11 000 barils dans une nuit.» Dans ce passage, page 102 de l'édition originale de la Mer (1861), l'historien s'enflamme à propos du hareng. Le poisson miracle de l'Europe médiévale. Celui qui, salé, fumé, mis en barils, a nourri des générations d'Européens. Un poisson dont la fécondité frappe tant l'imagination que Michelet en arrive à craindre qu'il ne «comble» l'océan immense… si n'était la pêche, par des dizaines de milliers de nefs, depuis des siècles.
En 1977, la pêche au hareng est interdite en Manche orientale, jusqu’en 1983. Après un pic à 277 000 tonnes en 1954, les prises ont pu chuter jusqu’à 9 600 tonnes en 1968. Comm