En 1991, Pierre-Gilles de Gennes reçoit le prix Nobel de physique. Il passe illicoà la télé, y réalise un show, explique la physique «avec les mains» et devient la coqueluche des médias, tandis que la gent féminine s'extasie. Le «physicien préféré des Français», décédé en 2007, connaît la gloire médiatique, après la consécration scientifique. Mais qui était Pierre-Gilles de Gennes ?
La réponse se trouve dans ce livre. Exercice délicat, la biographie se heurte souvent à l’exigence de vérité et au risque de l’hagiographie. Celle d’un scientifique y ajoute la difficulté de la science. De Gennes aurait détesté que l’on parle de lui sans tenter d’expliquer son apport à la compréhension du monde. Nourrie d’une abondante documentation - des heures d’entretiens avec De Gennes -, Laurence Plévert évite nombre des écueils du genre. La science y est, mais accessible. Le lecteur saisit à quel point ces secteurs de la connaissance auxquels de Gennes a contribué ont exigé d’imagination et d’astuce expérimentale. La sociologie de la science s’y lit, avec les détails nécessaires. Le lecteur peu familier des laboratoires découvre comment les idées circulent, les équipes se forment, les influences se construisent.
La vie privée, compliquée puisque de Gennes fut le compagnon de deux femmes et le père de deux familles, s’y trouve, sans hypocrisie ni voyeurisme. Cet éclairage contribue au portrait psychologique, fort juste. Devant le «monument», on pouvait craindre la te