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Interview

Jean-Claude Gascard «Le changement climatique s’opère plus vite que prévu»

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Jean-Claude Gascard, océanographe, dresse un constat alarmant :
publié le 19 septembre 2009 à 0h00

Jean-Claude Gascard, du laboratoire Locean (CNRS, université Pierre et Marie-Curie) est un spécialiste de l’Arctique.

En 2007, la banquise arctique s’était fortement rétractée. Que s’est-il passé cet été ?

Il semble déjà clair que le retrait estival de 2009 sera du même ordre. Les trois années sont sans précédent dans les archives scientifiques. Un navire n’aurait aucun problème à utiliser le passage du Nord-Est, le long de la Sibérie, pour aller du Pacifique à l’Atlantique. Et n’aurait besoin que de quelques zigzags pour le passage du Nord-Ouest. S’il était possible de croire à un accident en 2007, ce n’est plus le cas : le système climatique arctique est entré dans un nouveau régime, comme le montrent les tendances de long terme. Le système a gardé en mémoire le retrait de 2007 et je ne vois pas comment il pourrait revenir à la situation d’il y a vingt ans.

Quelle en est la cause ?

Principalement le réchauffement climatique général, lié à l’augmentation de la teneur en gaz à effet de serre de l’atmosphère. Ce facteur déclenchant s’accompagne de facteurs amplifiants. Moins il y a de glace sur la mer et plus l’albédo de la surface - la capacité à renvoyer l’énergie solaire - diminue. Plus l’océan capte de chaleur et plus il peut faire fondre la glace. C’est un exemple de «rétroaction positive» qui amplifie un phénomène. Il existe aussi, nous les recherchons, des «rétroactions négatives» qui vont le ralentir, comme une couverture nuageuse accrue. Pour l’instant les rétroactions positives dominent largement.

Qu’avez-vous observé de particulier en 2009 ?

Le régime des vents s'est modifié avec un flux poussant les glaces du détroit de Be