L’affaire du plutonium de Cadarache plonge le nucléaire français dans la crise. Une crise qui se nourrit d’un incident technique, certes, mais surtout des relations entre l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Entre contrôleur et contrôlés surgissent des différends sur l’interprétation des lois et des nuances dans l’appréciation des dossiers techniques. Mais un tel affrontement, où le contrôlé refuse d’envisager d’avoir fauté, est sans précédent.
L'écho médiatique n'a pas apaisé les choses. La secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno, est sommée de nommer «les têtes qui doivent tomber». Cadarache aurait caché «six bombes nucléaires», proclame le réseau Sortir du nucléaire, qui accuse le CEA de conserver du plutonium militaire américain dans son installation.
Est-on passé à deux doigts d’une explosion nucléaire à Cadarache ? D’où vient ce plutonium «découvert» lors du démantèlement ? Le CEA et Areva ont-ils caché quelque chose à l’Autorité de sûreté nucléaire ? Que leur reproche exactement l’ASN ?
«Marges de sécurité»
Pour répondre à ces questions, il faut d’abord se rendre à Cadarache. Ce 21 octobre, il y pleut… Mais l’affaire née dans l’atelier de technologie du plutonium (ATPu) joue un plus grand rôle que la météo dans la gravité de certains visages. Dans cet atelier, on a fabriqué, depuis 1964, des combustibles nucléaires à base de plutonium. A l’arrêt depuis 2004, il est en démantèlement. Et pourt