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grand angle

Et la mer fut

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Il y a 5 millions d’années, la Méditerranée, fermée, s’est presque asséchée… Puis l’océan Atlantique s’y est déversé, en flots phénoménaux.
publié le 15 janvier 2010 à 0h00

Peut-être un des ancêtres de l'homme, déjà bipède, a-t-il pu contempler le spectacle. Il y a un peu plus de 5 millions d'années, se rendant là où l'Afrique rejoint presque l'Europe, un gigantesque «fleuve» salé lui barrait la route. Un fleuve au débit phénoménal, égal à mille fois celui de l'Amazone. Un chenal plutôt, par lequel l'océan Atlantique se déversait dans une mer Méditerranée dont les contours auraient fait sursauter un homo sapiens géographe ayant remonté le temps.

A l’époque en effet, nul rivage là où Marseille ou Alger se sont plus tard dressés. Le Rhône ou le Nil, pour rejoindre, très loin des côtes actuelles, de larges étendues d’eau hypersalée, avaient creusé des canyons de près d’un kilomètre et demi de profondeur dans de vastes plateaux parfois boisés et riches en animaux, aujourd’hui recouverts de sédiments et sous l’eau. En observant ce transfert massif de liquide salé de l’Atlantique à la Méditerranée, un être doué de raison n’aurait pu s’empêcher de se demander en combien de temps la mer Méditerranée allait monter, rejoindre le niveau de l’océan et ainsi faire disparaître les traces de cet événement géologique.

Dix mètres par jour

Une réponse, ébouriffante, est parue le 10 décembre dans un article de la revue Nature (1) dont le premier signataire est Daniel Garcia-Castellanos (de l'Institut des sciences de la Terre, à Barcelonne). Une équipe d'océanographes espagnols de deux laboratoires catalans, auxquels s'est joint Christian Gorini, de l'Institut des sci