Avec les nanotechnologies (technologies à l'échelle du nanomètre, soit un milliardième de mètre), sommes-nous menacés par un «projet totalitaire» mettant en péril l'intégrité du genre humain, accoucheur d'un «transhumanisme qui, avec son projet de création d'une race supérieure, n'est jamais qu'un nazisme en milieu scientifique» (1) ? Bigre ! Cette vision apocalyptique provient d'une mouvance autoproclamée «luddite», inspirée de ces ouvriers britanniques du XIXe siècle, destructeurs de machines à tisser. Organisée autour du groupe grenoblois Pièces et Main d'œuvre, elle veut empêcher la tenue des réunions sur les nanotechnologies, organisées par la Commission nationale du débat public (CNDP), à la demande du gouvernement. Motif ? «Toutes les décisions sont déjà prises», et la tenue de ces débats ne ferait que légitimer, par une pincée factice de démocratie participative, ces décisions jugées tragiques.
Farce. Grenoble, Lyon, Marseille… et hier soir Orsay (Essonne, annulé à la dernière minute), le tour de France des réunions tourne à la farce. Devant un public clairsemé, les organisateurs prennent la parole, et le chahut commence. Criant «le débat on s'en fout, on ne veut pas de nanos du tout», avec confettis et banderoles, les perturbateurs obtiennent satisfaction, et la réunion finit sans avoir commencé. Le gouvernement laisse la CNDP se débrouiller, en priant pour que le débat de synthèse, prévu à la Cité des s