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grand angle

L’enterrement du CO2

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Dans les Pyrénées, Total expérimente le captage et le stockage du CO2 sous terre. Un test grandeur nature destiné à diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
publié le 18 février 2010 à 0h00

Les Pyrénées barrent le paysage vallonné où maisons cossues et fermes viticoles se succèdent. Au premier plan, un arpent de vignoble du jurançon, fameux pour avoir humecté les lèvres d’un bébé royal, le futur Henri IV. Bucolique, aurait dit Virgile. Sauf cette plateforme de quelques centaines de mètres carrés, sur laquelle rampent des tuyaux fraîchement peints en vert, bardés de capteurs de pression, avec tout ce qu’il faut de manomètres, vannes et autres dispositifs pour que l’on identifie l’acteur du lieu : le gaz.

Logique, nous sommes près de Pau, dans le pays de Lacq. L’unique gisement gazier de France, mis en service en 1957, comme on l’apprenait naguère en cours de géographie. C’est la fin de cette histoire.

D’ici à 2013, il n’y aura plus d’extraction sur l’ensemble du gisement. Celui de Rousse, juste sous Jurançon, est fermé depuis 2008. Pourquoi, alors, ces tuyaux repeints, ce bâtiment tout neuf, ces détecteurs de gaz et un nouvel aménagement paysager comme pour signer la renaissance du site de Total ? C’est qu’ici, se teste une technique qui pourrait se répandre : injecter dans le sous-sol le gaz carbonique issu des usines.

Ce gaz formé lors de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel - 80% de l’énergie utilisée - est dispersé dans l’atmosphère. Il s’y accumule, sa teneur étant passé de 270 parties par million (ppm) en volume avant la révolution industrielle à 387 ppm. Comme gaz à effet de serre, il constitue le principal responsable du changement climati