Hier, à 13 heures pile, l’humanité a donné un coup de pic dans le mur de l’ignorance. Un petit coup dans une grande ignorance. La connaissance n’a donc guère progressé, mais la lumière de la vérité est au bout d’un souterrain circulaire de 27 kilomètres, situé sous la frontière franco-suisse, près de Genève.
Là, les physiciens ont réalisé des collisions entre protons (particules du noyau des atomes) à une énergie encore jamais atteinte dans ce genre d’expérience : 7 000 milliards d’électronvolts. Et comme augmenter l’énergie de ces collisions revient à observer l’infiniment petit avec une précision supérieure, on peut écrire sans se tromper que jamais l’homme ne s’était approché si près du mystère de la matière.
Ces collisions ont eu lieu dans ce qu’on a surnommé le «seigneur des anneaux» : le grand collisionneur de hadrons (LHC en acronyme anglais). Cet accélérateur de particules construit par des milliers de physiciens et d’ingénieurs venus du monde entier sous la houlette du Cern (le laboratoire européen de physique des particules) est unique. Sa mission : repousser les limites de l’exploration de l’infiniment petit.
Soupe brûlante. La difficulté de la tâche est à la dimension de l'enjeu. Depuis le premier démarrage de la machine, en septembre 2008, physiciens et ingénieurs se heurtent à des difficultés imprévues. Après une panne spectaculaire, ils ont dû se lancer dans de longues et minutieuses réparations des connexions électriques fautives. Puis, en novem