Madame Sapiens et Monsieur Néandertal ont couché, parfois. Et ont eu des enfants. C'était au Proche-Orient, il y a environ 80 000. La relation n'a pas été très fréquente, et ne s'est pas renouvelée après cette date… Cette histoire de parenté et de possible rencontre des deux humanités les plus proches (Homo sapiens, l'homme moderne apparu il y a un peu plus de 100 000 ans en Afrique, et Néandertal) est révélée ce matin dans la revue Science (1). Par un article exceptionnellement long, traduisant un labeur minutieux et de haute précision. Il constitue un véritable «tournant dans l'exploration des origines de l'humanité par les moyens de la génétique moléculaire», salue Pierre Darlu, un généticien qui a participé, en 2006, à une étude de l'ADN des néandertaliens.
«Le rêve devient-il réalité ?»
Les conteurs de cette histoire, auteurs de ce «travail énorme», insiste Pierre Darlu : une équipe internationale de haute volée, dirigée par Svante Pääbo, un biologiste suédois. Multidiplômé en lettres, égyptologie, histoire et biologie Svante Pääbo fut l'un des pionniers de l'exploration de l'ADN ancien. Dès 1985, il s'intéressait aux gènes des momies égyptiennes. En 1991, il titrait «Le rêve devient-il réalité ?» à propos d'ADN de 16 millions d'années. Aujourd'hui à l'Institut Max-Planck de Leipzig (Allemagne), il conduit une équipe de près de 60 chercheurs (allemands, américains, espagnols, croates, irlandais, britanniques, russes), lancée à l'assaut du génome de Néandertal. Elle