Ce matin, la couverture de la revue Nature risque de provoquer une épidémie de syncopes chez les paléontologues. Sous les images d'un fossile de plusieurs centimètres, elle titre sur une «Vie multicellulaire» vieille de 2 milliards d'années ! Or, pour les spécialistes, ce genre de vie - complexe, organisé et macroscopique - ne peut être plus ancien que 670 millions d'années. Avant, enseigne-t-on à l'université, seuls des microbes - unicellulaires - peuplaient la Terre. Tout au plus a-t-on aperçu de fugaces traces millimétriques de pluricellularité. Ce grand bond… en arrière sidère les spécialistes, suscite des réactions d'incrédulité.
Ces fossiles spectaculaires, porteurs d’une révolution dans les sciences de l’évolution, ont été présentés mardi à un groupe de journalistes dans les locaux du laboratoire Hydrogéologie, argiles, sols et altérations (Hydrasa) de l’université de Poitiers et du CNRS. L’excitation soulevée par la découverte provoquait déjà des appels de médias du monde entier.
Emergence de la vie
C'est pourtant une équipe spécialisée dans les argiles et inconnue en paléontologie, à laquelle participe le jeune maître de conférence Abderrazak el-Albani, qui lance cet énorme pavé dans la mare scientifique. La découverte provient d'un simple travail de routine géologique dans une carrière de grès, près de Franceville, au Gabon. Financé par des «contrats de recherche appliquée» de l'industrie minière, s'amuse le géologue, soulignant qu'il n'avait aucun c