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Interview

Sous les signes des singes

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Que cherchez-vous, Alban Lemasson ?
publié le 11 septembre 2010 à 0h00

Ethologiste, Alban Lemasson a 35 ans, un doctorat, un poste de maître de conférences à l’université de Rennes-I, et une passion pour la langue des singes.

«Il y a certainement quelque chose de l’enfance dans mon travail. J’ai vécu jusqu’à l’adolescence en Afrique noire. Comme beaucoup de gamins, j’aimais les animaux… Me voilà éthologiste, spécialiste de la communication vocale chez la mone de Campbell, une espèce de singes qui vit notamment en Côte-d’Ivoire, l’un des pays où j’ai grandi. Le hasard a aussi sa part : il y a une cinquantaine de ces primates dans le laboratoire de recherches en éthologie, à Rennes. Je mène des études sur ces animaux captifs. Mais je fais également de longs séjours en pleine forêt, parfois six mois. Je pars observer et enregistrer ces animaux, avec des chercheurs ivoiriens.

«Les mones de Campbell vivent dans les arbres de forêts denses où la visibilité est très limitée. Ils ont donc développé tout un système de cris qui m’intéresse. Leur communication se révèle sophistiquée. Elle évoque même un possible protolangage que recherchent beaucoup de linguistes travaillant sur l’origine du langage humain. Ces primates ont en effet un lexique d’une trentaine de cris, et aussi une sémantique, une syntaxe, une prosodie rudimentaires.

«Ils ont un cri qui signale l'approche de l'aigle : hok. Et un autre celle du léopard : krak. Deux prédateurs majeurs. Mais les mones savent aussi jouer d'au moins un suffixe : le «ou», globalisant. Hokou