Entrée au CNRS en 2002, Laurence Gaume-Vial, 40 ans, spécialiste des interactions entre plantes et insectes, a découvert quelques-uns des subtils pièges tendus par des plantes carnivores.
«C’est le terrain qui m’a attiré. Pour mon doctorat, j’ai fait trois séjours de cinq mois dans un village au fin fond du Cameroun. Ma thèse portait sur les plantes à fourmis. Ces végétaux accueillent les fourmis dans des structures spécialisées, souvent des tiges creuses, en vertu d’un contrat mutualiste, gagnant gagnant : typiquement, la fourmi protège la plante contre ses herbivores en échange de logement et nourriture.
«Embauchée au CNRS, à Montpellier, je suis passée à l’étude des népenthès, des plantes qui, cette fois, ont des relations antagonistes avec les insectes… puisqu’elles s’en nourrissent. Elles colonisent des sols très pauvres et puisent une grande partie de leurs nutriments de petits animaux qu’elles capturent et digèrent dans leurs feuilles pièges ! On recense en Asie du Sud-Est une centaine d’espèces de népenthes. Je suis donc partie étudier ces carnivores dans la jungle sur l’île de Bornéo.
«On pensait que les népenthès se nourrissaient d’insectes malchanceux tombés par hasard dans leurs pièges - des feuilles en forme d’urne remplie d’un suc digestif. Nous avons découvert, avec des chercheurs d’autres disciplines, chimistes et physiciens, que la plante joue un rôle bien plus actif. Les feuilles pièges de certaines espèces imitent les fleurs en produisant des composés volatil