Dans son bureau de directeur de l'Institut Henri Poincaré (IHP), Cédric Villani a disposé ses médailles sur une étagère. Comme un gosse aligne ses breloques de concours de gym. Il en manque une toutefois. La dernière, la plus lourde, celle qui lui vaut de passer au JT de 20 heures, en plein mois d'août, un truc assez rare pour un mathématicien. L'absente porte le profil d'Archimède. Et comme elle vaut son poids d'or massif, elle pourrait attirer un Arsène Lupin. Du coup, elle reste cachée, en attente peut-être «d'un dispositif d'alarme», s'amuse t-il.
La médaille Fields, «on s'interdit d'y penser», assure t-il. Difficile tout de même. Tout matheux de moins de 40 ans - c'est la règle - et conscient d'avoir déjà une œuvre remarquable peut en rêver.
Logique : c'est le top du top. Décerné par paquet de quatre au maximum, tous les quatre ans lors du congrès de l'Union mathématique internationale. Le dernier s'est tenu en Inde (où notre zéro fut inventé), à Hyderabad. Cédric Villani y a fait fureur, avec ses lavallières de toutes les couleurs, ses broches en forme d'araignée, son sourire éclatant, sa coupe de cheveux faussement rebelle (la raie au milieu, mi-longs, soignés), son aisance verbale et gestuelle, son discours revendiqué «positif». Un matheux télégénique, un vrai régal pour les confrères du petit écran.
Pour la presse écrite, c'est un poil moins évident. Bien sûr, on peut raconter l'histoire linéaire du bon élève, passé par la v