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Libération
Que cherchez-vous ?

La mélodie d’Alzheimer

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Que cherchez-vous, Hervé Platel ?
publié le 25 septembre 2010 à 0h00

Hervé Platel, 45 ans, est professeur de neuropsychologie à l’université de Caen, et chercheur à l’Inserm U923.

«J’essaie de comprendre un phénomène très étonnant pour un neuropsychologue : pourquoi les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ont-elles la capacité d’apprendre de nouvelles mélodies, et quasiment rien d’autre ? On sait que cette maladie détruit les réseaux neuronaux, ces connexions nerveuses qui sont le support physique de la mémoire. Les patients perdent leurs souvenirs et sont incapables d’en acquérir de nouveaux. Sauf lorsqu’il s’agit de musique.

«Typiquement, un animateur propose à des malades de chanter une chanson qu'ils ne connaissent pas, phrase après phrase. En six ou huit séances d'une heure, ils savent la chanter pour peu qu'ils aient le texte sous les yeux. Mais que savent-ils exactement ? Nous avons montré qu'ils ne mémorisent pas les paroles mais qu'ils se souviennent de la mélodie, à condition qu'elle ne soit pas monotone, qu'elle ait une bonne amplitude. On a de bons résultats, par exemple, avec le tube d'Indochine, J'ai demandé à la lune.

«Pourquoi la mémoire des mots s’en va-t-elle tandis que celle de la mélodie demeure, souvent plus de deux mois ? J’essaie de vérifier une hypothèse : ces malades apprennent sans en avoir la conscience, leurs souvenirs mobilisent la mémoire que l’on dit "inconsciente", "perceptive". Celle-ci est différente de la mémoire mise en œuvre dans les apprentissages conscients, quand vous savez que vous êtes