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Libération

Georges Charpak plus près de l’infini

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Le Prix Nobel, spécialiste de la physique des particules, est mort mercredi. Outre ses travaux, il s’était distingué par sa défense de l’école publique.
publié le 1er octobre 2010 à 0h00

«Nous étions fiers de lui.» C'est Michel Spiro, le président du Cern, cet énorme laboratoire européen de physique des particules situé près de Genève où Georges Charpak a conduit l'essentiel de sa carrière, qui confie cette pensée. Sans cacher l'émotion que lui cause le décès mercredi à Paris du physicien, et surtout de l'homme. «C'était un de nos monstres sacrés, bien loin de se réduire à son apport scientifique. Un héritier des Lumières, au sens de l'honnête homme qui s'intéresse à tout, allie une spécialisation compétente à l'ouverture sur le monde, à l'humanisme, la joie de vivre. Même si je ne partageais pas toujours ses opinions, il donnait une belle image de la science, des scientifiques.»

Cet hommage de Michel Spiro traduit bien les sentiments que Georges Charpak a suscités dans son milieu professionnel. Un milieu singulier, la confrérie internationale, cosmopolite, des physiciens titillant l’extrême limite de la matière à l’aide d’instruments si gros qu’il faut faire appel aux finances de nombreux pays pour les construire - le Cern abrite un accélérateur circulaire de 27 kilomètres.

Car Georges Charpak offre à ses biographes une vie quasi légendaire. Né en Pologne dans une famille juive en 1924, dans un village situé sur le territoire actuel de l'Ukraine, il arrive à Paris en 1931. «C'est donc un immigré qui a donné un prix Nobel à la France», souligne Michel Spiro qui, malicieux, y voit «quelque chose en rapport avec l'actuali