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L’espérance de vie après le travail

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Que cherchez-vous, Emmanuelle Cambois ?
publié le 2 octobre 2010 à 0h00

Emmanuelle Cambois, 40 ans, est chercheuse à l'Institut national d'études démographiques (Ined). Elle a récemment publié, avec Thomas Barnay et Jean-Marie Robine, dans la revue Retraite et société, une étude sur la santé des actifs de plus de 50 ans :

«Dans le contexte d’allongement de l’espérance de vie, j’étudie l’évolution de l’état de santé de la population. Les années de vie gagnées sont-elles des années de bonne santé ? Combien seront des années de maladies ou d’incapacité ? Pas tant que ça, pourrait-on conclure… Mais tout dépend de qui on parle. En effet, l’espérance de vie des Français est relativement longue, tout comme leur espérance de vie en bonne santé. Mais ces moyennes masquent des disparités importantes. Nous avons mis en évidence cette "double peine des ouvriers" en montrant que, dans les professions les moins qualifiées présentant des conditions de travail pénibles, l’espérance de vie est non seulement plus courte que la moyenne, mais elle compte aussi plus d’années de mauvaise santé. Mais ces inégalités ne s’expriment pas seulement après le passage à la retraite : elles sont largement présentes avant.

«Je me suis intéressée à la santé de ceux qui approchent de l’âge de la retraite, et à qui on va demander de rester plus longtemps au travail. Nombre de leurs troubles physiques, sensoriels, psychiques, le plus souvent non reconnus, rendent difficile ou impossible le maintien en emploi. Et j’ai ainsi montré que, sur les quinze années à vivre entre 50 e