«Je m’interroge sur les mécanismes qui gouvernent les comportements collectifs dans les sociétés animales et humaines. Comment, en l’absence d’un chef, d’un "superviseur", des individus parviennent-ils à coordonner leurs actions pour résoudre des problèmes ? J’ai commencé à travailler sur cette question en étudiant les insectes sociaux qui construisent collectivement des architectures très complexes, sans utiliser de plan : les décisions collectives sont le fruit d’interactions individuelles très simples et de processus d’auto-organisation. Quelles sont ces interactions ? C’est ce que je tente de découvrir, avec mon équipe, non seulement chez les termites, mais chez les hommes… Car ces phénomènes d’intelligence collective sont omniprésents dans les sociétés humaines.
«Un exemple, sur lequel nous travaillons : le déplacement des piétons dans une foule. Chacun croit choisir son chemin en utilisant des règles qui lui sont propres. Mais quand on analyse les mouvements de piétons sur une place ou dans les couloirs que nous avons construits en laboratoire, on s’aperçoit qu’une foule est un système où chacun obéit à des règles communes. Chaque piéton ajuste sa vitesse et la direction choisie en fonction de l’espace libre qui s’ouvre devant lui, et de la distance aux piétons qui le précédent. Mais il est surprenant de découvrir comment, ce faisant, il participe, sans en avoir conscience, à une construction collective, la plus classique étant la formation de files : les personnes marc