Début octobre, les biologistes marins du monde entier ont communié. Rien de religieux là-dedans. Au contraire, une fête de la raison, le point d’orgue d’une gigantesque opération savante et mondiale. L’événement s’est tenu à Londres, au siège de la Royal Institution de Grande-Bretagne, fondée en 1799 pour rapprocher le peuple et la science. Là furent dévoilés les résultats d’un vaste programme, conduit de 2000 à 2010 par plus de 2 700 scientifiques de 80 pays : «Census of Marine Life» (1). Recensement de la vie marine, en bon français.
L'enseignement essentiel de cette longue entreprise ? «Il y a de la vie partout dans les océans. Diversifiée et adaptée aux situations les plus extrêmes : dans les températures à faire fondre le plomb ou à geler la mer, dans les régions sans lumière et sans oxygène, dans celles riches en poisons chimiques», répond Myriam Sibuet. Spécialiste de la vie abyssale à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, Ifremer (2), elle a assuré la vice-présidence du comité scientifique du Census of Marine Life.
Parmi les révélations de cette décennie, il y a des routes migratoires longues de milliers de kilomètres,et lieux de rassemblement pour l'alimentation et la reproduction de requins, tortues, thons, baleines, révélées par des balises emportées par les animaux, fonctionnant en liaison avec des satellites. Des poissons aux formes étranges, capturés dans les abysses froids et obscurs. Et cette Galathée aux bras velus comme un Y