Généticien des populations et épidémiologiste moléculaire, Thierry Wirth, 44 ans, est directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études.
«On parle beaucoup de la disparition des espèces. Je travaille à l’inverse sur l’apparition de celles-ci, leur propagation et leur démographie. J’ai mené mes premières recherches sur les anguilles, des poissons menacés, avec comme objectif principal de reconstruire, à partir d’échantillons contemporains, leur histoire évolutive : retracer leur origine, leurs migrations, leurs échanges génétiques.
«Plus tard, je suis passé à l’étude des bactéries pathogènes avec la même préoccupation et un enjeu supplémentaire : les grandes épidémies sont souvent dues à l’apparition d’une nouvelle souche microbienne dotée de gènes de virulence inédits. Pour pouvoir mieux repérer ces émergences, il est intéressant de savoir dans quelles conditions elles surviennent. Et pour cela il faut, en quelque sorte, remonter le temps et la généalogie des souches bactériennes. Cette recherche, sur laquelle je me suis concentré, est facilitée par le développement des nouvelles techniques de séquençage, qui permettent d’analyser rapidement les génomes de diverses souches bactériennes et de les comparer.
«En 2006, nous avons pu montrer, en nous basant sur une étude du colibacille, que les souches les plus pathogènes se reproduisaient par voie sexuée, c'est-à-dire en échangeant des gènes, un phénomène peu fréquent chez les souches non pathogènes. Il y a donc, chez ces mic