«Regardez ce crâne ! Archaïque, non ? Un air de Néandertal, voire d'Homo erectus, voyez ces arcades sourcilières proéminentes, ce front bas, rejeté en arrière…» José Braga arbore un sourire malicieux. Assis dans son bureau de l'université Paul-Sabatier à Toulouse, il tient en main un moulage de crâne, actuellement présenté au public au muséum de la ville (1). Un crâne très incomplet, réduit à sa partie supérieure - comme s'il avait été sabré au niveau des yeux. Il le montre en soulignant à plaisir son allure «archaïque», selon les critères habituels permettant de le séparer du «moderne», autrement dit Cro-Magnon alias votre voisin de palier.
Lorsque ce crâne est découvert, en 2006 dans une steppe glaciale et désolée du nord-est de la Mongolie sur le site de Salkhit par des prospecteurs d’or clandestins, ces derniers se disent qu’ils ont trouvé un objet vraiment ancien, donc valant… de l’or pour des scientifiques. Ils le vendent illico à des paléoanthropologues mongols. Lesquels contactent Yves Coppens, le célèbre codécouvreur de notre lointaine cousine, l’australopithèque Lucy. Personne ne doute alors que ce vestige est très ancien.
Yves Coppens alerte José Braga, chercheur au CNRS dans le laboratoire Anthropologie moléculaire et imagerie de synthèse. Il lui confie l'objet en estimant qu'il s'agissait d'un représentant archaïque de l'humanité. Dans un article paru en février 2008, Yves Coppens et ses cosignataires qualifient ce fossi