Biologiste, Guillaume Balavoine, 41 ans, est chercheur à l’Institut Jacques-Monod (CNRS/université Denis-Diderot).
«Comparons un mille-pattes, un chat et un lombric ; le premier représentant l’arthropode, le second le vertébré, le troisième l’annélide. La ressemblance n’est pas frappante. Pourtant, il y en a une fondamentale, si l’on considère l’architecture du corps de ces trois animaux. C’est celle-ci qui m’intéresse en tant que généticien passionné par les questions d’évolution : leur charpente est constituée de segments répétés. On le voit bien chez le mille-pattes, encore mieux chez le lombric, avec sa succession d’anneaux. Et chez le chat, la chaîne de vertèbres de la colonne est une construction modulaire flagrante.
«Comment se fait-il que des groupes d’animaux aussi différents partagent cette organisation segmentée ? Ce mode de construction par ajout d’unités anatomiques est-il apparu chez un ancêtre commun aux trois groupes ou alors plusieurs fois, chez des ancêtres de chacun des trois groupes ? Ce sont là de très anciennes questions jusqu’ici sans réponse. Mais récemment, nous avons découvert que de nombreux gènes qui contrôlent la segmentation sont similaires chez les annélides et les arthropodes. C’est le signe qu’ils les ont hérités d’un ancêtre commun. Celui-ci a dû vivre, il y a environ 530 millions d’années, puisque ces groupes étaient déjà distincts à cette époque.
«J’essaie de savoir si des gènes du même type sont aussi présents chez les vertébrés. Mais d’ores